• Reves

Le travail en groupe et en tant que groupe est un phénomène relativement récent. Un véritable groupe spirituel est constitué d’individus vrais, donc individués, avec un sentiment de contact avec le Soi ou l’âme. Toutefois, dans la plupart des groupes, les membres ne sont pas encore pleinement intégrés en tant qu’individus. Ils sont encore si isolés dans leur personne qu’ils se coupent de toute stimulation, de toute impulsion ou effet de groupe. Ils ne sont pas affectés par les problèmes de groupe parce qu’ils n’en font pas encore réellement partie.

C’est seulement quand on se dépersonnalise qu’on répond aux idées du groupe, à l’idéalisme du groupe et aussi à l’aura du groupe et, par suite, on succombe aux difficultés imposées par la vie en groupe. Actuellement, dans la plupart des groupes, c’est sa figure centrale, la personnalité ou l’âme dominante, autour de laquelle tournent la vie et la pensée du groupe.
La personnalité ou l’âme du groupe incarne la vie du groupe et en devient ainsi souvent la victime puisqu’elle doit payer le prix de toute faiblesse dans le groupe. L’attitude du groupe dans son ensemble s’exprime à travers elle et, dans certains cas, elle peut même être pratiquement «tuée» par le groupe.

Quelles sont les difficultés et les problèmes de toute personne sensible aux pressions de la vie en groupe ? La première difficulté et la plus importante vient d’une critique de la part du groupe, soit exprimée, soit fortement ressentie. Cette critique est basée sur de nombreux facteurs, mais elle a habituellement sa racine dans la jalousie, une ambition contrariée ou l’orgueil intellectuel. Chaque membre d’un groupe, surtout ceux qui forment l’entourage immédiat du ou des «chefs», est enclin à juger. Les membres ne portent aucune responsabilité car ils ne connaissent pas les véritables problèmes : il est donc facile pour eux de critiquer.

Ceux qui méconnaissent l’existence des énergies occultes ne se rendent pas assez compte combien la critique peut être un poison virulent. Elle fait du tort à celui qui critique, mais elle blesse encore plus la personne critiquée. Si la personne critiquée a des mobiles purs et manifeste un véritable amour et un détachement certain, elle ne sera pas touchée psychologiquement. Mais les effets physiques seront précis et la localisation du poison projeté se fera à l’endroit où il y a une faiblesse ou une limitation physique.

Je ne parle pas ici de la haine, bien que cela puisse exister consciemment ou inconsciemment, mais simplement de la tendance à juger et de ce bavardage critique et oiseux qui semble nécessaire au bonheur du membre moyen d'un groupe. A part le mal que cela fait à la personne critiquée, cela tue la vie du groupe, l’empêche d’évoluer.

De tous les côtés et dans chaque groupe, un fleuve de critiques se dirige vers le chef. Des pensées empoisonnées, des idées fausses, des commérages oiseux destructeurs, l’attribution de faux mobiles, les haines et les jalousies inexprimées, les ambitions frustrées, les ressentiments et les désirs insatisfaits parce qu’on se croit pas reconnu suivant son importance, tout cela et bien d’autres formes d’égoïsme et d’orgueil mental produisent des effets dans le corps physique du ou des chefs et souvent aussi dans leur psychisme.

La responsabilité de ceux et celles qui se croient « spirituels » est donc grande, bien qu’elle soit rarement reconnue et acceptée. Un exemple de ce problème est l’attitude, sans fondement dans les faits, vis-à-vis de l’association La Nouvelle Acropole. Il est d’ailleurs facile de remarquer comment la plupart des groupes, sectes et associations se traitent mutuellement dans le domaine spirituel ou astrologique.

En face de telles critiques, les chefs ne peuvent rien faire, sauf continuer leur travail, se retirer en eux-mêmes, dire la vérité avec amour quand l’occasion se présente, refuser de devenir amer à cause de la douleur provoquée par le groupe, et attendre jusqu’à ce que les membres du groupe aient appris les leçons de la coopération, du silence, et aient compris les immenses difficultés auxquelles sont confrontés les chefs de groupes spirituels, dans cette ère d’individualisme à outrance.

Les chefs de groupe peuvent aussi être victimes d’une situation inverse. Ils sont submergés, « étouffés » par le dévouement des membres du groupe. Cet amour trop personnel n’est pas aussi néfaste que la critique, mais il conduit à des situations difficiles et à des mésententes.

Il y a enfin une troisième difficulté qui vient de la tendance, très évidente pendant l’Ere des Poissons, à centrer toute la vie, toute l’activité du groupe, dans la personnalité du chef. Ce culte de la personnalité, cet attachement à sa personne ou – quand il y a haine ou antipathie – la rupture violente avec elle, produisent beaucoup de souffrance sans nécessité.

Si nous voulons former des groupes selon les critères de l’Ere du Verseau, il faut couper rapidement le cordon ombilical entre le chef et le groupe. Le chef de départ devient seulement l’inspiration directrice, la force aimante qui protège, la source d’enseignement. De cette manière, le groupe peut vivre sa vie en tant que groupe, même sans la présence de celui qui l’a inspiré. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la vie d’un groupe dépend d’un lien subjectif établi, beaucoup plus que des réactions émotionnelles résultant de contacts physiques.

Une des vertus spirituelles les plus nécessaires est ce que les Anglais appellent « harmlessness ». Ce mot peut être traduit par « innocence »,
( inocuité) si elle est liée à un esprit d’inclusivité. Si l’on vit d’une manière innocente et inclusive, il y aura prudence dans les jugements, réticence dans la parole, capacité de s’abstenir de toute action impulsive, démonstration d’un esprit non critique. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut devenir un véritable canal pour l’amour vrai et pour ces énergies spirituelles qui permettent à la personne d’agir juste. «Harmlessness» - agir de façon à ne jamais nuire – est une attitude positive. Ce n’est pas la même chose que la non résistance qui peut faire du mal. Et elle permet d’utiliser l’énergie de façon à ne pas nuire. Ce n’est pas s’abstenir d’utiliser l’énergie, mais s’efforcer d’employer toutes les énergies disponibles à l’homme, dedans et dehors, sous la direction de l’amour et selon le but divin pour l’humanité.

Ce n’est pas seulement pour les physiciens que tout est énergie. L’énergie, quelle qu’elle soit, est à la base de l’univers manifesté. Par contre, le terme «force» s’applique à l’emploi que fait l’homme de l’énergie spirituelle à sa disposition. Dans une période de transition comme celle par laquelle nous passons actuellement, de nouvelles énergies spirituelles cherchent à s’incarner dans le monde. Nous, individus et nations, cherchons à manifester ces nouvelles énergies.
Et il y a inévitablement choc quand elles se heurtent à l’inertie du statu quo. Ceux qui sont attachés aux anciennes formes bien aimées mais qui empêchent la libre expression de la nouvelle vie, ont peur de la destruction nécessaire de ces formes : ils ne comprennent pas pourquoi il y a une telle destruction. Ils ne voient que la destruction, la disparition des formes auxquelles ils ont attaché leurs émotions, leurs désirs et leurs perceptions mentales. Ils ne voient pas le nouveau en train de se construire parce qu’ils ne voient ce qui se passe que du point de vue égocentrique ou national ou selon leurs instincts et impulsions personnels et nationaux.

Il est évident que certaines personnes utilisent la nouvelle énergie à des fins égoïstes ou nationalistes : c’et inévitable. L’humanité est un pôle récepteur d’énergie. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de surveiller les forces que nous mettons en action, selon notre façon de comprendre l’intention derrière ce nouvel influx d’énergie. Il ne faut surtout pas devenir un point focal pour l’expression de la haine, de la séparation, de la peur, de l’orgueil et d’autres traits de caractère qui alimentent les feux susceptibles de mener le monde au désastre.
Chacun de nous peut faire plus qu’il ne croit, en contrôlant ses pensées et idées, en cultivant une attitude aimante, et aussi en utilisant régulièrement la grande invocation donnée par le Tibétain, invocation qui peut créer un lien entre la collectivité supérieure et l’humanité.

La seule chose qui compte c’est le développement de la conscience humaine, conscience qui se développe en réponse aux conditions existentielles nationales et personnelles. C’est justement à cause des conditions difficiles actuelles que la conscience humaine se réveille de son sommeil, s’exprime de manière vivante et commence à concentrer son attention sur les choses importantes.

L’astrologie humaniste nous permet de comprendre quelque peu l’intention qui est derrière les bouleversements existentiels. Un groupe comme R.A.H, s’il fonctionne vraiment selon l’intention qui est derrière sa création, fera partie de ce qu’on appelle le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. Ce groupe de serviteurs – remarquez l’accent sur l’idée de servie – se compose en premier lieu d’initiés et de disciples spirituels du monde entier. Il a des représentants dans chaque groupe d’idéalistes et de serviteurs qui cherchent à améliorer le sort de l’homme. Ces représentants sont souvent mal compris car l’amour qu’ils expriment diffère beaucoup de l’intérêt personnel, sentimental et affectueux, de l’aspirant moyen. Ils s’intéressent au bien de tout le groupe avec lequel ils sont associés, plutôt qu’aux petits problèmes et soucis de personnes isolées. On les critique à cause de cela et parce qu’on n’a pas compris que l’amour du groupe est plus important que les relations personnelles, bien qu’ils répondent à celles-ci s’il y a vraiment besoin. Mais, si l’on veut être un intermédiaire transpersonnel pour la collectivité supérieure et aider à introduire le changement de conscience nécessaire à tout changement dans les conditions mondiales, il faut apprendre à discerner et à discriminer entre l’intérêt pour les petits soucis personnels et la nécessité de se vouer aux urgences du travail et de l’amour de groupe.

La nouvelle invocation est une formule connue de la collectivité supérieure depuis sa création, mais elle n’a pas été utilisable par l’humanité jusqu’à aujourd’hui . Il y a, dans cette invocation, des profondeurs de signification qui permettent à l’homme d’en tirer, chacun selon son évolution personnelle, un sens en rapport avec ce qu’il pense et se sent être. Chacun devrait chercher l’idée abstraite sous-jacente dans cette invocation. Voici une interprétation possible.
Chacune des quatre strophes se rapporte à l’un ou l’autre des trois aspects de l’énergie divine, plus la référence à l’humanité en qui ces trois aspects sont latents ou en train de se manifester. Dans cette invocation nous comprenons que l’humanité est «l’endroit» où toutes les lignes de force et aspects de la divinité se rencontrent. Les règnes sous-humains trouvent leur consommation dans l’humanité, tout
comme c’est dans l’humanité que se trouve l’opportunité des règnes
surhumains.

Dans les trois premières lignes, on parle de Mentat (ou «Esprit») de Dieu comme point focal pour la lumière divine. Cela se rapporte à l’âme de toutes choses. Le terme «âme», avec son sens premier d’éclaircissement, inclut l’Anima Mundi, l’âme humaine, et aussi ce que l’on peut appeler l’âme de l’humanité. C’est l’âme qui apporte lumière et donne des éclaircissements.

Dans les trois lignes suivantes, on parle de Cœur de Dieu et du point focal de l’amour. Pour l’humanité, ce Cœur est la collectivité supérieure, la Hiérarchie, agent de transmission de l’amour à toutes les formes dans l’univers manifesté. L’amour est une énergie qui doit atteindre le cœur des hommes et doit féconder l’humanité de la qualité  «compréhension aimante» - ce qui s’exprime quand on lie ensemble amour et intelligence.

Dans les trois lignes suivantes, on parle de Shamballah, le centre où l’on connaît la  «volonté de Dieu». La collectivité supérieure tire sa vie de ce centre, tout comme elle tire de l’humanité son impulsion de servir. Ces lignes nous indiquent que l’humanité seule est incapable de sonder le mystère de la volonté de Dieu.

Après avoir invoqué les trois puissances Mentat, Amour et Volonté, les trois lignes suivantes se rapportent à l’ancrage de ces pouvoirs dans l’humanité,  «le centre que nous nommons la race des hommes». C’est dans l’humanité et seulement ici que réside la promesse du futur, son espoir et son opportunité. Ce n’est que dans l’humanité que les trois qualités divines peuvent s’exprimer dans le temps et l’espace et trouver leur accomplissement. Ce n’est qu’au niveau de l’humanité que l’amour peut naître vraiment, que l’intelligence peut fonctionner correctement et que la volonté de Dieu peut démontrer effectivement la bonne volonté.

Ces trois lignes indiquent aussi que c’est l’humanité qui doit sceller la porte de la demeure du mal. Ce n’est pas Sanat Kumara – la volonté de Dieu – ni la collectivité supérieure ou la Hiérarchie qui doivent sceller cette porte. C’est l’humanité qui doit le faire, à travers ses luttes, ses aspirations et ses souffrances.

L’invocation d’intelligence et d’amour a déjà eu lieu dans le passé. Mais, aujourd’hui, on peut y ajouter l’invocation de la lumière ; aujourd’hui on fait appel aux trois choses à la fois. Tous les hommes, à tous les niveaux, peuvent appeler, par cette invocation, ce qui leur est nécessaire pour spiritualiser la matière. Elle fait ressortir surtout la responsabilité qu’a l’humanité – donc chacun de nous – de diffuser amour et lumière sur la terre.

Cette invocation peut être utilisée quelles que soient les croyances personnelles. Si on l’utilise tous les jours, elle va introduire des changements importants d’attitude et d’intention. Beaucoup de gens l’utilisent déjà, depuis sa parution en 1945. Et, plus il y aura de personnes qui l’utiliseront, plus sûrs seront les résultats concrets, sous forme de lumière et de bonne volonté accrues dans les rapports interpersonnels : les deux choses dont l’humanité a le plus besoin. La plupart des gens reconnaissent le côté sombre des choses, l’aspect négatif des expériences : maintenant on souhaite de la lumière, on en a assez de la haine et de la violence. L’invocation donne l’occasion d’agir positivement pour que lumière, amour et bonne volonté se répartissent sur terre.

Quelques mots concernant la phrase «sceller la porte de la demeure du mal». C’est une manière symbolique d’exprimer l’idée de contrecarrer toutes les mauvaises intentions dont l’homme est capable. Il n’y a pas d’endroit particulier où demeure le mal. Mais l’humanité maintient la porte de la demeure du mal ouverte à cause de ses désirs égoïstes, de ses haines et de sa séparativité, par son avarice et ses barrières raciales et nationales, par son goût du pouvoir, ses ambitions personnelles et sa cruauté. Seule l’expression de la bonne volonté et d’un mentat éclairé fermera cette porte et permettra d’instaurer des relations humaines justes.



 

LA GRANDE INVOCATION

Du point de Lumière dans la pensée de Dieu,
Que la lumière afflue dans la pensée des hommes.
Que la Lumière descende sur la Terre.

Du point d’Amour dans le cœur de Dieu,
Que l’amour afflue dans le cœur des hommes,
Puisse le Christ revenir sur Terre.

Du centre où la Volonté de Dieu est connue,
Que le dessein guide le faible vouloir des hommes.
Le dessein que les Maîtres connaissent et servent.

Du centre que nous appelons la race des hommes,
Que le Plan d’Amour et de Lumière s’épanouisse,
Et puisse-t-il sceller la porte de la demeure du mal

Que Lumière, Amour et Puissance restaurent le Plan sur la Terre

 

Pour aller plus loin : La Grande Invocation et le site Lucistrust